Ce voyage au tambour n’avait pas de sujet précis. C’était à chacun d’aller où l’amènerait son soi supérieur. Cela m’arrangeait, car je suis un peu perturbée actuellement. Je vais dans trop de directions différentes dans les choses que j’ai à accomplir. Cela me semble un peu brouillon. Voici donc mon état d’esprit, au moment ou le tambour commence à vibrer. Je ne sais pas trop d’où partir. Pas de la grotte en tout cas, me retrouver sous terre me panique. Alors je laisse les images venir.
SUBTIL ABSOLU
Pour plus d’informations concernant les voyages au tambour proposés par Subtil Absolu à Saint-martin, rendez-vous ici !
Je suis entourée d’un halo vert sans trop de forme, comme si j’étais dans une immense forêt mais dont je ne discernait que l’aura. Pas de troncs, pas de branches, juste du vert dans toutes les directions. Je suis moi, mais en même temps une femme de type amérindien. Peut être une de mes incarnations passées.
Je suis accroupie, mes mains sont posées sur un sol qui s’avère être les pages d’un livre, à quelques centimètres de la reliure. Me voilà donc sur ces feuillets qui n’ont pas de véritable fin, le livre est là mais ses contours se perdent dans la brume ambiante. Je me redresse et je commence à marcher. Au fur et à mesure que j’avance, sous chacun de mes pas, pousse un arbre!
Je ne me retourne pas. Je finis par arriver au sommet d’une grande colline, au plateau tronqué. Sur ce plateau est dessiné un immense échiquier. Ce n’est pas la première fois que j’y viens, je m’y suis déjà retrouvée dans une méditation précédente, mais il y a au moins 3 années de ça. Dans cette ancienne méditation il y avait plusieurs collines, toutes tronquées, avec chacune un échiquier gardé ou surveillé par un tigre blanc. Ce n’est pas le cas ici, mais je me fais quand même la réflexion.
Au milieu de cet échiquier une des case est ouverte et un escalier descend dans les entrailles de la colline. Le mot entraille est particulièrement adapté, car je me retrouve entourée d’entrailles organiques pulsantes, rouges, comme à l’intérieur d’un corps. Devant moi se dresse une sorte de stèle d’aspect métallique, divisée en carrées, et sur chacun d’eux est gravé un symbole. Je les regarde mais ne les comprends pas. Au hasard j’appuie sur l’un d’eux et je me retrouve propulsée dans l’espace interstellaire, à l’intérieur d’un tétraèdre de cristal, où je suis blottie comme dans le ventre de ma mère. Cela me fait du bien, c’est un grand moment de paix parce que je me sens à l’abri de tout. Rien ne peut m’arriver de mal, rien de mauvais ou de malheureux ne peut m’atteindre ici. Un instant de plénitude que je suis incapable de trouver dans ma vue présente… Mais tout cela s’arrête quand le cristal m’éjecte.
Je tombe, et j’atterris sur une grande plage. Il fait jour. Devant moi la mer, sur les côtés de grands espaces de sable. Je ne regarde pas derrière moi, mais je sens q’il y a une forêt. Je reste là un moment, je ne sais pas quoi faire, la rupture avec la sérénité précédente est assez brutale, je suis un peu abasourdie et désorientée.
Soudain, du coin de l’oeil, je me rends compte qu’il y a du mouvement sur le côté gauche de la plage. Quand je porte mon regard vers cet endroit je vois comme un grand nuage de sable et il avance vers moi. Au bout d’un moment je finis par distinguer des animaux dans ce brouillard ambré. Des animaux que je ne reconnais pas pour la plupart. Ils finissent par arriver sur moi, m’évitent en passant à ma droite ou ma gauche. Je tends mes bras et j’arrive à saisir une crinière assez longue qui me permet de me hisser sur une bête. C’est une sorte de rhinocéros laineux blanc. Il ralentit dès que je suis sur son dos et le reste du troupeau s’éloigne. Je me retrouve seule sur la plage avec cet animal. La nuit commence à tomber, un feu de bois nait instantanément sur le sable, tout près de moi. Et je me rends compte que plus le noir s’installe plus le rhinocéros rapetisse.
Quand la nuit est véritablement là il n’est pas plus gros qu’un chat. Le feu crépite, le ciel est noir, je ne vois pas d’étoiles. Je tiens le petit animal blotti entre mes bras et je prends peu à peu conscience qu’il y a des présences autour de moi, des entités qui ne paraissent pas malveillantes. En fait je ne les regarde pas mais je les vois, mon oeil intérieur me les montre, sous la forme de grandes silhouettes, recouvertes d’un manteau à capuche qui traine jusqu’au sol et dont le tissu est rayé, un peu comme des bédouins. Ils veulent que je fasse quelque chose. Je ne sais pas quoi, mais j’ai la nette impression qu’ils avancent vers moi, en demi-cercle, pour me forcer à aller jusqu’au bord de l’eau.
C’est ce que je fais. Sous leur impulsion je dépose mon mini rhinocéros dans l’eau. Aussitôt il se transforme en poisson et avance dans la mer! Une colonne de lumière jaillit alors du ciel dans laquelle je aller me placer pour m’élever, en fait c’est comme si je nageais à la verticale. Arrivée à une certaine hauteur je suis capable de m’assoir, la lumière a formé un disque dense qui me permet de le faire. Dès que je suis installée, assise en tailleur, la colonne commence à bouger et décrit des symboles lumineux sur l’eau, et à chacun de ces endroits je vois une vie grouillante animer le dessous des flots. Des centaines d’animaux divers et inconnus naissent, nagent puis rampent sur le sable et vont disparaitre dans la forêt. Il y a des bruissements, des piaillements, des cris, des grognements.
Et puis tout redevient calme. Je suis toujours assise, retenue dans la colonne de lumière par une injonction silencieuse, venue de je ne sais où. Il me faut rester là encore. Pourquoi donc? Me guérir? Me purifier? En tout cas même aujourd’hui, soit deux jours plus tard, j’ai l’impression qu’une part de moi même y est toujours.
Lyrie