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Or, Un jour
Or, un jour, il advint que sur une île montagneuse baignée de flots turquoises et salés, un homme et une femme se retrouvèrent face à face, alors que chacun débouchait d’un chemin ombragé, l’un venant de l’est, l’autre de l’ouest. Ils n’avaient aucune mémoire de ce qu’il leur était advenu avant, aucun souvenir à accrocher à la cause de cette rencontre. Pourquoi étaient-ils là ? Au fond cela n’avait aucune importance. Un peu surpris malgré tout, ils s’étaient figés à cette croisée de chemins et s’étudiaient l’un et l’autre sans bouger. Malgré quelques bizarreries morphologiques flagrantes et qui ma foi devaient bien servir à quelque chose, ils n’étaient pas tellement différents. Leur peau était dorée, leurs yeux légèrement fendus sur les tempes avaient une couleur qui oscillait entre le jaune et le vert et leurs corps étaient élancés, comme on le possède dans la jeunesse, car ils étaient jeunes tous deux, bien entendu.
L’allégresse de leur découverte réciproque chassa vite la crainte, et ils s’avancèrent, à presque se toucher. Œil doré dans œil doré, ils ne virent qu’innocence et cela attacha sur leur face un premier sourire, timide d’abord. La jeune fille ouvrit la bouche et articula quelques mots. Ce pouvait-il qu’en plus ils se comprennent? Et bien oui, car voilà que le jeune homme lui répondait et que bientôt s’installa un dialogue où il n’était question ni de l’étrangeté de leur situation, ni de pourquoi ni de comment, mais plutôt de l’aspect tout à fait pratique d’une installation agréable dans ce lieu baigné d’un soleil généreux.
Les chemins d’où ils avaient surgis se fondaient en une seule voie qui formait une esplanade assez large, ceinturée de cailloux qui se chevauchaient et en se penchant un peu, on voyait qu’ils dégringolaient avec anarchie jusqu’à la nappe scintillante de la mer. Pareils à des cabris, les jeunes gens suivirent ce flot minéral, s’écorchant un peu aux épineux, arrivèrent sur une plage de sable blond, en forme de croissant de lune. Au loin, une végétation d’un vert tendre ondoyait sous une brise légère.
Le soleil, haut maintenant dans le ciel, chauffait durement leurs épaules. Néanmoins ils avancèrent jusqu’aux premiers grands arbres sans penser à se jeter dans les flots qui leur léchaient les mollets, parfois avec vigueur, tandis que des petits cailloux roulaient sous leurs pieds.
L’ombre les enveloppa, la brise un peu plus fraîche sécha les gouttes qui perlaient sur leur peau. Le silence qui régnait au milieu des grands arbres les incita à s’asseoir, puis à s’allonger et ils s’endormirent, avec un air satisfait. Durant leur sommeil leurs mains se trouvèrent, s’attachèrent l’une à l’autre.
(fin de l’extrait)
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Lyrie
Artiste peintre et auteure, j’aime partager mes voyages dans les mondes subtiles en retranscrivant mes expériences, toujours très riches en symboles et en images. J’ai écris également de nombreuses nouvelles et romans qui sont partagés ici dans cette section du blog. Vous pouvez aussi vous procurer ces derniers dans la boutique!
Lyrie (Chantal Rainouard)